Paris apparaît le
plus souvent comme « la ville des révolutions », cité politique vouée à
l’effervescence plus qu’à la sagesse gestionnaire dont les mouvements ouvriers
d’Allemagne ou d’Angleterre ont donné l’exemple. Paris fut pourtant aussi,
durant un bon demi-siècle, le siège de très puissantes coopératives de
consommation, associées à des coopératives de production fabricant les produits
que celles-ci répartissaient.
Le Parlement du Travail, mis en place le 10 mars 1848 au
Luxembourg, prévoyait la construction dans chaque quartier « d’un familistère
assez considérable pour loger environ quatre cents familles d’ouvriers »,
associés en coopératives pour la nourriture, le chauffage et l’éclairage.
Audiganne,
dans ses Mémoires d’un ouvrier de
Paris, 1871-1872, croyait pouvoir identifier « les trois
aspirations dominantes dans la classe ouvrière » : « la première consiste à
combattre l’ignorance, la seconde à combattre la misère, la troisième à s’aider
les uns les autres ». A la première, avaient répondu les Universités
populaires, à la deuxième les syndicats et les coopératives, à la troisième les
coopératives et les mutuelles.
Les militants
français de la Première Internationale
sont proudhoniens, mais on y distingue les « étroits » comme Tolain, des « larges » comme Varlin qui, s’il ne rejette pas l’idée
des coopératives de consommation (elles ne sont que 7 en 1866, la première n’étant apparue que deux ans plus tôt) et de production (elles sont déjà 51 à la même date), consacre
l’essentiel de son activité à l’organisation des chambres syndicales. Néanmoins, avec Nathalie
Lemel, il va fonder la fameuse Marmite,
d’abord cuisine coopérative de la
corporation des relieurs en 1868, qui comptera bientôt8 000 adhérents dans ses quatre établissements.
Charles Robert (directeur de l’Union incendie), Émile Cheysson, Étienne-Octave Lami et Jules
Siegfried, proposèrent en janvier 1887, pour l’Expo Universelle de 1889, - l’Expo du centenaire de la
Révolution, et de la Tour Eiffel -, de créer une classe supplémentaire intitulée
"économie sociale et industrielle, mutualité, coopération, associations
ouvrières et institutions de prévoyance". Le ministère, qui était déjà en
pourparlers avec le député de la Seine Camélinat,
et Benoît Malon pour former une
"commission socialiste" et organiser une "section d'économie
sociale" à l'Exposition, hésite longuement. Qu'entendent par
"économie sociale" les uns et les autres?
Pour les socialistes, le
communard Benoît Malon, auteur en 1883 d’un Manuel d'économie sociale et fondateur en 1885 d’une Société républicaine d'économie sociale,
"économie sociale", "économie politique" et
"socialisme scientifique" sont interchangeables.
Pour le père Antoine, qui sera l’auteur (dans les années 1890) d’un Cours d'économie sociale que
lisent tous les catholiques sociaux, c’est une 3ème voie :
"entre le socialisme et l'école libérale, il y a place pour un chemin
[...] très sûr, celui d'où la Révolution française nous a fait dévier".
Finalement, en se proposant de
"célébrer" "toutes les institutions bienfaisantes et de progrès,
qui, grâce à la pratique judicieuse des lois de l'économie sociale et
industrielle, ont procuré au peuple des éléments nouveaux de bien-être",
L'Exposition de 1889 donne à l'"économie sociale" une nouvelle définition
qui réunit deux éléments jusque-là séparés.
D'un côté, le terme désigne un
ensemble d'institutions qui n'avaient auparavant rien en commun : participation
aux bénéfices, syndicats professionnels, prévoyance, coopératives, habitations
ouvrières, hygiène sociale, institutions patronales et, finalement, législation
et organismes publics visant à l'amélioration du sort des travailleurs.
D'autre part, l'"économie
sociale" est définie comme une science à part entière : ce n'est plus un
autre nom de l'économie politique, ni une doctrine opposée à celle de l'école
libérale, mais une discipline qui a pour objet les institutions du progrès et
en étudie les lois. Il devient donc possible qu'elle entre, avec les autres
"sciences sociales", à l'université.
Qu’allait-on montrer à
l’Expo ? « Comment matérialiser des choses immatérielles ? »
demandait Cheysson. Le discours scientifique devra aussi être sensible, il
faudra "parler aux yeux en même temps qu'à l'esprit". En 1889, on
construira une "rue des maisons ouvrières", on exposera des dessins,
des "tableaux graphiques", des bustes. C'est à la disposition de ces
objets dans l'espace que reviendra de faire voir une classification qui
constitue, comme le souligne Léon Say,
« un véritable monument scientifique, comme un discours de la méthode de
la Science Sociale ».
L’expo reproduisait "les
coquettes maisons ouvrières" de Port Sunlight (1887, en G.-B.) mais dans
son rapport de 1900 Charles Gide souligne les limites du patronage en matière
d’habitation ouvrière et décrivait comme la "solution de l'avenir"
des associations coopératives "spécialement créées par les ouvriers
eux-mêmes".
Charles Gide, alors professeur d'économie politique à Montpellier
et chargé du cours d'économie sociale comparée à la faculté de droit de Paris,
a été rapporteur général du groupe de l'économie sociale de l'Exposition universelle de 1900. C'est
le chef de file des nouveaux économistes des facultés de droit qui, autour de
la Revue
d'économie politique qu'il a créée en 1887, mènent le combat contre les
économistes orthodoxes.
De l'avis de Gide, ni le pavillon
de 1889, ni celui de 1900 ne sont parvenus à satisfaire pleinement l’exigence
didactique évoquée par Cheysson et Say. Réfléchissant après coup sur ces
expériences, il conclut: « Il serait à désirer aussi que l'architecture
des palais destinés à l'Économie sociale fût elle-même un enseignement. »
C'est ainsi qu'il en vient à proposer, pour définir l'économie sociale, sa
métaphore de la cathédrale : dans la nef, « toutes les formes de libre
association qui tendent à l'émancipation de la classe ouvrière par ses propres
moyens » ; dans les deux collatéraux « tous les modes d'intervention
de l'État » et « toutes les formes d'institutions patronales ».
Tandis que les
"sources" de l'économie sociale seraient ainsi réparties
longitudinalement, transversalement chacune des travées serait consacrée à l'un
des "buts communs" de ces institutions. L'exposition deviendrait
ainsi le déploiement dans l'espace d'un tableau classificatoire à deux
dimensions.
En 1906, 51 coopératives de
production parisiennes sont adhérentes de à la Chambre consultative du 98, bd Sébastopol.
En 1925, a lieu
le grand schisme en matière de coop de conso :La Fédération Nationale des
Cercles de Coopératives Révolutionnaires, qui s’est constituée en avril
1925 pour « le redressement et l’assainissement de la Coopération française au
moyen de la Coopération révolutionnaire, lutte de classes, par opposition avec
le Coopératisme dit de neutralité politique, imposé aux Coopératives de
consommation », comme l’écrit Georges
Marrane dans une brochure, fait triompher la ligne du parti communiste.
Il
faut imaginer, jusqu’aux années 1930, un Paris où, dans les quartiers ouvriers,
on achetait son pain, sa viande, son épicerie, son charbon, ses chaussures et
ses vêtements, sa pharmacie dans des coopératives, où l’on mangeait au
restaurant associatif, où l’on se faisait soigner au dispensaire mutualiste, où
au fronton des « boutiques » se lisait La
Revendication, l’Egalitaire, les Equitables, l’Evolution sociale, la
Prolétarienne.
La Moissonneuse, comptait 19
succursales dans le faubourg Saint-Antoine et 17 000 membres, la Bellevilloise, 40 répartitions et 14
000 adhérents, l’Egalitaire, aux
rives du canal Saint-Martin, 7 magasins et 6 000 sociétaires, l’Avenir de Plaisance en comptait
presque autant.
Le héros
collectif du Crime de M. Lange, de JeanRenoir, - tourné en
1935, l’un des quelques films emblématiques du Front populaire, qui se passe tout entier dans « la cour d’un
immeuble populaire parisien » -, est une « imprimerie
communiste» : les ouvriers y ont repris en coopérative l’imprimerie abandonnée
par leur patron escroc et, sous cette forme, l’entreprise prospère en éditant
des romans populaires, dont Lange est l’auteur.
S’il reste à
Paris une Bourse du Travail et un Palais de la Mutualité, le Palais de la Coopération n’aura vécu
que de 1900 à 1905 mais des emblèmes maçonniques au fronton de l’ex Egalitaire,
faucille et marteau au-dessus d’une porte de l’ex Bellevilloise rappellent ce
« militantisme des courses », on ne disait pas encore du shopping,
cette économie sociale et solidaire du quotidien.
QUELQUES LIEUX DE
MEMOIRE :
- Palais de la Mutualité, 24 rue Saint-Victor. Construit en 1931, il
comptait quatorze espaces modulables de 20 à 2 000
places, et un restaurant, le Saint-Victor. Désormais confié à bail de 35
ans à GL events, il est censé devenir « un petit
palais des congrès de la Rive Gauche ».
Le centre médical et dentaire, réduit à la portion congrue par sa relégation
hors du palais proprement dit, devrait être repris par la Matmut et rouvrir
début 2013.
- Bourse nationale des Sociétés coopératives socialistes de France
(Palais du Travail), place Dupleix, Paris. « Il y a quelques dix ans, les pouvoirs publics
voulurent créer à paris un « Palais du peuple », ouvert à l’élite ouvrière ; et
ils consacrèrent à cette entreprise une somme de cinq cent mille francs.
L’armature de l’édifice fut dressée, place Dupleix, d’une somptueuse ampleur…
hélas, elle ne fut jamais terminée ! Les fonds furent dilapidés ; les bons
vouloirs se découragèrent ; le squelettique monument resta de longues années à
l’état de ruine neuve. Certain jour, l’autorité, honteuse, décida de faire
disparaître ce paradoxal, ce scandaleux « palais du travail » ; peut-être la
démolition n’en est-elle pas même achevée… » Extrait d’un article de Jacques
Lux, Revue Bleue, 1er août, 1908. Construite dans l’enceinte et à
l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, cette maison des coopératives
devait être le pendant de la Bourse du Travail. Elle fut l’objet de litiges
entre coopératives de productions et coopératives de consommation ; la
Ville de Paris, l’ayant repris en 1905, la fit démolir avant qu’elle n’eût
jamais été achevée. Avant cette triste issue, le 9 juillet 1904, Jean Jaurès y parlait
la Coopération ; Sébastien Faure, sous les auspices du Parti Socialiste
Français, y avait donné une conférence publique et
contradictoire sur le Sentiment religieux le 11 juin.
Un autre bâtiment, situé entre la
Seine et le cours La Reine, exista durant l’expo de 1900, que Millerand (député du 12e
pendant 30 ans) évoque ainsi lors de la cérémonie de remise des prix, « il
est [...] un palais d'allure simple, de lignes sobres. L'intérieur n'est pas
moins austère que la façade. Pour tout ornement, des cartes et des graphiques.
Le public y accourt cependant et aucune attraction n'aura eu plus de succès que
le palais des Congrès et de l'Économie
sociale », dû à Charles Mewès, l’architecte des Ritz et Carlton, sans
parler des paquebots.
- Banque Ouvrière et Paysanne, 106 rue Lafayette. L’Association Régionale des Coopératives
Ouvrières (A.R.C.O.), qui ravitaillait et gérait une douzaine de coopératives
communistes de banlieue, a été liquidée en avril 1930. S’y est substituée une
Banque ouvrière et paysanne, pour leur gestion financière, tandis que la
Bellevilloise s’occupait de leur gestion commerciale. Georges Marrane, chargé
de la commission des coopératives au Comité central, est administrateur de la
banque comme il l’était de l’A.R.C.O.
![]() |
Le commissaire divisionnaire Pachot quitte le siège de la BOP le 16 août 1929 ? Rol Gallica |
- au Musée social, 5 rue Las Cases, les archives de la section française
de l’Alliance coopérative internationale qui siégeait là, avec Charles Robert, Jules
Siegfried, etc. Le Comité central de l’Union
coopérative de France (section française de l’Alliance coopérative
internationale ; congrès constitutif : 1895, à Londres), dirigé par
Charles Gide, l’oncle d’André Gide, regroupait plus de 20% des coopératives,
publiait un bulletin, un almanach et avait une centrale d’achat, 1 rue
Christine.
- La Coopération des idéesétait un hebdomadaire : un « journal populaire d’éducation
et d’action sociales, au service des Universités populaires, des syndicats,
coopératives, sociétés de secours mutuel, etc. », dirigé par le typo Georges Deherme, fondateur de la
première Université populaire, rue Paul Bert, dans le 11e arrondissement. Charles
Gide y écrivait régulièrement. La revue donna son nom
à l’Université populaire
quand celle-ci fut transférée 157, rue du faubourg Saint-Antoine, (avec un Théâtre du Peuple et de la coopération des Idées dès
1899), où Deherme installa aussi une coopérative de consommation. Bergson, Péguy et Alain
soutenaient l’aventure de ce vaste réseau de bientôt une centaine d’universités
populaires, dont l’un des fleurons était La
Fraternelle. L’église y est devenue prépondérante quand le réseau s’étiole
à la guerre de 1914.
Le Club du Faubourg se réunira ensuite à
cette adresse, où Dada organisera
deux de ses manifestations, les 7 et 19 février 1920.
- Union des coopératives, immeuble situé 29-31, bd du Temple et 85,
rue Charlot (auj. annexe de la Bourse du Travail).Acquise au début de 1919, grâce au concours financier du Magasin de Gros,
de la Verrerie ouvrière d’Albi et de
la Bellevilloise, cette Maison de la
Coopération remplace le siège installé auparavant au 13, rue de l’Entrepôt,
dans le 10e. Suivant les résolutions du congrès coopératif de 1912, qui
préconisaient la fusion, l’opération s’est faite avec La Prolétarienne du 5e, l’Avenir
social du 2e, et la Bercy-Picpus,
tandis qu’est en cours un rapprochement avec l’Economie parisienne du 3e, La
Lutèce sociale, et l’Union des
coopérateurs parisiens. L’Union des Coopératives compte maintenant 39 168
sociétaires, emploie 1 398 personnes et possède 230 établissements à
Paris, en banlieue et dans l’Oise, y compris trois colonies de vacances et
trois entrepôts. Rien qu’au cours de l’année écoulée, ont été ouverts à Paris,
quatre restaurants, sept épiceries et trois boucheries. Une blanchisserie est
désormais commune à l’Union des coopératives, à la Bellevilloise, à l’Union des
coopérateurs parisiens et aux restaurants ouvriers de Puteaux.Le
bulletin de l’Union des coopératives, tiré à 28 000 exemplaires.
- la Moissonneuse, 32 rue des Boulets. La plus importante coopérative
de consommation parisienne est née en 1874 dans un sous-sol de moins de 7 m2,
47 rue Basfroi, de l’effort d’une cinquantaine d’ouvriers, ébénistes pour la
plupart. Moins de vingt ans plus tard, elle comptait 19 succursales dans le
faubourg : 8 épiceries, 2 boulangeries à quatre fours, 4 boucheries, 1 magasin
de vêtements et de chaussures, 1 chantier de bois et charbons, 1 entrepôt de
vins et alcools à Bercy, 15 chevaux dans ses écuries, 150 employés et 13 574
membres ; elle réalisait 2,5 millions de francs de chiffre d’affaires et
possédait pour 252 000 francs de matériel. Elle avait atteint 16 à 17 000
membres autour de 1896.
Les 5 grandes coopératives
parisiennes qui, avec et derrière elle étaient, dans l’ordre, la Bellevilloise,
l’Egalitaire, la Revendication de
Puteaux, fondée par le Communard et Internationaliste, Benoît Malon, et
l’Avenir de Plaisance, ignoreront superbement, pendant de longues années, les
efforts d’organisation du mouvement coopératif national. Peut-être simplement
par fierté, sûreté de soi : elles comptaient près de 40 000 adhérents en 1896 –
puis parce qu’elles étaient les plus « politiques », d’autres étant au mieux «
possibilistes » comme l’on disait dans le mouvement de Paul Brousse. Il y eut pourtant des déchirements en leur sein entre
guesdistes et allemanistes, des grèves de leurs personnels – ce fut le cas pour
la Moissonneuse en 1892 – des gérants indélicats ou piètres gestionnaires. Au
bout du compte, la Moissonneuse se trouvera mise en liquidation au début de
1904.
- devant
l’ex Gaumont-Palace, bd de Clichy, une statue à Charles Fourier, « érigée en
1899 par l’école phalanstérienne avec le concours des associations coopératives
de production et de consommation ». Fondue pour les Allemands, remplacée par une pomme qui fut l'Eureka de Fourier :
"Je
fus si frappé de cette différence de prix entre pays de même température [Paris
et Rouen], que je commence à soupçonner un désordre fondamental dans le
mécanisme industriel
." voir ce site
- Aux ex abattoirs de la Villette,
26 av. Corentin-Cariou, le 12 octobre 1948, les bouchers de la Villette faisaient
irruption dans les locaux de la COFEI, coopérative d’obédience SFIO, au
prétexte que les achats prioritaires opérés par le Ravitaillement ne profitent
qu’aux coopératives dépendantes des partis politiques. La police n’intervenait
qu’avec retard. Le lendemain nouvelle manifestation des bouchers contre la
COFEI et nouvelle intervention tardive, ce qui faisait dire à Jules Moch,
ministre de l’Intérieur, que la police parisienne était toujours complaisante
pour les manifestations de droite. Quand on vous assure qu’il était de gauche,
Jules Moch !
- Une Société pour l’étude pratique de la participation du personnel dans les
bénéfices avait été fondée en 1879, par Charles Robert, directeur de
l’Union (incendie), Alban Chaix, de
l’imprimerie qui porte son nom, Alfred
de Courcy, administrateur de la Compagnie d’Assurances Générales, et Edouard Goffinon, chef d’une entreprise
d’hydraulique et d’électricité. Le groupe d'économie sociale de l'Exposition
universelle internationale de 1889, avait une section consacrée à ce sujet. La
Société a organisé 2 congrès internationaux en 1889 et en 1900, publie un
bulletin. La participation a commencé chez Jean
Leclaire (né en 1801), peinture en bâtiment, 11 rue Saint-Georges, en 1842.
Jules Dalou, celui du triomphe de la
République, a élevé une statue à Jean Leclaire et à ses ouvriers, square des
épinettes, dans le 17e : on y voit Leclaire « élever » un
ouvrier (ce qui se traduit par l’aider à monter une marche), qui tient – ou
plutôt tenait – un seau dans lequel trempait deux pinceaux mais qui a disparu à
la refonte d’après la 2ème guerre mondiale ; il a toujours balai-brosse et
éponge à ses pieds.
Une centaine de maisons connues
pratiquaient la participation autour de 1900. Dans le 11e, par
exemple :
- Piat et ses fils,
85 et 87 rue Saint-Maur (au 38 ter vers 1830), métallurgie (également usines à
Soissons et Roubaix). Depuis 1881, 10% des bénefs sont attribués à la
participation, réservée aux employés depuis plus de 5 ans ; la répartition
est proportionnelle aux salaires, versée pour moitié en espèces et pour moitié
à la Caisse nationale des retraites, au nom du titulaire, à capital réservé.
Une société de secours mutuels,
fondée en 1850, donne droit, outre les soins médicaux et pharmaceutiques, à une
retraite annuelle de 200 Frs, complétée à 360 Frs par la maison. Une caisse de
prévoyance vient en aide aux sociétaires qui ont épuisé leurs 9 mois de secours
accordés par la société de secours mutuels. L’atelier parisien a une harmonie
et une bibliothèque.
- Baille – Lemaire, fabrique de jumelles, 26 rue Oberkampf. Baille qui
s’est installé en 1847, s’est associé à son gendre, Lemaire, en 1871. A compter
de 1869, système de primes pour chaque ouvrier présent dans l’entreprise depuis
plus de 6 mois, et n’ayant pas perdu plus de 3 heures dans la semaine. La
prime est égale à 5% du gain de la semaine + 5% versés à la caisse de retraite.
A partir de 1885, participation aux bénéfices qui, après 1892, se fait selon
cette répartition : 1/3 pour le capital, 1/3 à l’amortissement, 1/3 aux
employés et ouvriers ayant plus de 5 ans d’ancienneté ; au prorata des
salaires et versés pour 2/3 en espèces, pour 1/3 à la caisse de retraites.
L’entreprise compte un pensionnat des apprentis, une caisse de secours, une
harmonie des ateliers, une union d’épargne.